Des concerts rock de l'été 2004 aux théâtres antiques de Lyon Fourvière et Vienne...

 
Avec par ordre d'apparition :
 
 
CHUCK BERRY, IKE TURNER, FRANZ FERDINAND, PJ HARVEY, 
BASHUNG, STRAY CATS, PINK...

De l'été rock 2004 parmi les vieilles pierres...
À
Vienne, le 50e anniversaire du rock.. blanc était célébré avec des artistes.. noirs. A 78 ans, Chuck Berry est toujours égal à lui-même, c'est à dire vaguement décevant sur scène. Parce qu'il laisse beaucoup trop de place à "l'à peu près" (mais il a toujours été comme ça, ça vient même pas de l'âge !). "A peu près" du son de sa guitare, ou de son jeu par moments, des paroles de ses propres chansons dont il zappe une bonne partie, de ses accompagnateurs français (mais ça lui revient moins cher que de venir avec des américains). Bref, et nous on lui pardonne encore et toujours en pensant à tout ce qu'on lui doit...
Avec
Ike Turner, c'était exactement l'inverse : tout est soigné, calculé pour être efficace, la guitare régulièrement ré-accordée, etc... Dans la 1ère partie de son set, il nous fait des vieux rocks d'avant le rock, genre Caldonia ou Tequila, en passant du piano à la guitare avec un égal talent. Surprise ensuite quand il sort de son chapeau une belle jeune femme noire qui va nous faire la Tina Turner d'il y a trente ans (et plus). Elle en a pas mal des qualités, outre le physique avantageux : la voix rugissante est assez ressemblante et on peut se laisser prendre au jeu. Tous les classiques de l'époque (de quand on avait vu la "revue" au Palais d'Hiver en 71, 72, et 75) sont revisités sans vergogne, de I've been loving you too long, carrément avec tout le numéro limite porno que Ike doit être si fier d'avoir initié, à Proud Mary. Plus "These boots are made for walkin'" qu'on ne se souvient pas avoir vu faire à la vraie Tina !

Le lendemain, c'est à Fourvière que ça se passe. Les Franz Ferdinand sont accueillis avec enthousiasme par la jeunesse !! (pas tout à fait n'importe laquelle tout de même..). La prestance du chanteur tout en longueur nous rappelle un peu l'allure scénique de feu-Dominique Laboubée ! (que les fans des Dogs nous pardonnent ?). La guitare sonne parfois comme chez Television, on s'en plaindra pas. C'est efficace, dynamique, sympathique, néanmoins au bout d'un certain temps la lassitude apparaît quand on commence à avoir l'impression que tous ces riffs tournent un peu en rond, que c'est toujours le même truc... Peut-être faudrait-il que les FF essayent d'approfondir leur propos s'ils veulent durer, uh ?
La profondeur, elle elle la fréquente depuis toujours, même si elle aime aussi jouer sur l'apparence :
PJ Harvey arrive en mini-robe noire, perchée sur des talons tellement hauts qu'on dirait un peu une gamine qui a piqué les chaussures de sa mère ! Et en plus les dites chaussures s'avèrent fluos roses quand on passe en lumière noire ! Bref, mais tout cela est quand même accessoire (et tant pis si certains s'imaginent que c'est que pour ça qu'on l'aime...) Polly Jean, c'est d'abord une musicienne fantastique, une des plus intéressantes de nos jours (mecs compris), et une voix immense, et un talent unique, et.. (et on sort nos superlatifs les plus conventionnels), et ce soir elle semble vraiment dans une forme éblouissante. Ca va donc être une heure et demi (il paraît, on l'a pas vu passer) de bonheur total, avec des moments d'une intensité formidable (non, formidable on l'avait pas encore écrit). Notamment vers le milieu de son set, avec les titres les plus noirs, genre blues déstructuré comme on dit... Un régal. Le tout avec un son parfait, des accompagnateurs exactement à leur place, même quand ils en changent beaucoup (ainsi son guitariste agité comme une puce qui se retrouvait aussi derrière la 2e batterie sur certains titres). Le meilleur concert de ces Nuits de Fourvière 2004 était le premier, forcément. We love you, Polly.

PS : Le DVD de PJ Harvey "Please leave quietly", sorti en 2006, relate cette tournée 2004...(= Lien vers Amazon.fr)

Lendemain encore, et c'est Bashung qui arrivait dans la moiteur de Fourvière serré dans son grand manteau pour y refaire son dernier spectacle - peplum un peu trop calibré à notre goût - devant des rangées de spectateurs sagement assis sur leurs chaises (dans la fosse..). Des invités sûrement, sponsors probablement, qu'il ne fallait donc surtout pas déranger dans leur placide appréciation de la poésie de l'artiste (un nouveau Ferré ?). D'où le zèle du service d'ordre pour écarter manu-militari quelques trublions à qui il prenait cette envie déplacée de danser devant la scène... A Lyon, on ne plaisante pas avec la Culture.

PS : Plus tard à Fourvière, le retour des Stray Cats le 26-7 : ce fut un très bon concert, très sympa, ambiance et tout... (Oui, un peu l'opposé de celui cité juste avant !).
Autre chatte de gouttière (si je peux me permettre, mais ça lui va plutôt bien) à Vienne deux jours plus tard avec...
Pink, seul concert de la série pour lequel on avait bien voulu nous accréditer (sans doute parce qu'il ne remplissait pas bien !). On était donc là "en touriste" en connaissant à peine la demoiselle, si ce n'est sa réputation vaguement scabreuse et son adoration de la part d'un très jeune public (curieux comme ça va souvent de pair de nos jours...). Mais surprise car elle chante, elle, et pour de vrai (allusion à sa consoeur Britney Spears, bien sûr, qui elle faisait semblant..). Et on serait même tenté d'y mettre un V majuscule tant elle y met de la vérité de son âme, ou de ses tripes comme vous voudrez (car c'est sans doute moins raffiné que chez Alicia Keys, par exemple). Et du coup on n'a pas de mal à comprendre pourquoi Pink a été choisie pour interpréter le rôle de Janis Joplin pour une nouvelle bio-filmée de la chanteuse. D'ailleurs, elle va nous faire juste avec son guitariste un petit intermède pot-pourri de quelques chansons de Janis montrant que la façon dont elle a assimilé la voix est sidérante. Mais la voix de Pink est celle de Pink, et quand elle interprète un très beau blues, après son What's goin' on, on se dit qu'elle aurait fort bien pu passer deux semaines plus tôt dans la "Ladies night" qui clôturait le festival de Jazz !! (en plus, on compte 4 filles sur 7 éléments dans son groupe). Evidemment, toutes les chansons de Pink n'ont pas la même classe, loin de là, mais comme on disait pour Piaf, elle pourrait chanter le Bottin, ça aurait encore quelque intérêt. Bon, calmons-nous : peut-être qu'on exagère un peu dans la louange, mais c'est vrai que ce soir, au delà de toutes ses excentricités (qu'on trouve d'ailleurs plutôt réjouissantes, mais d'autres vous en parleront sans doute) on a quand même découvert une chanteuse, une vraie : Pink... qui l'eut cru ?!

SD


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