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Notre
petite histoire
(illustrée)
de la presse rock en France
(Par Stevie Dixon, alias Serge
Dumonteil)
Préambule
pratique : Merci à tous ceux qui voudront bien mettre ces
pages
en lien sur les leurs pour que les machines de Google & co
veuillent bien leur prêter vie en les
référençant.. N'hésitez pas
à nous
contacter !
"Notre
petite histoire..." car ce qui suit - d'une part ne
prétend
à aucune exhaustivité - et d'autre part sera
ponctué (illustré) par les petites pierres que
nous avons
personnellement posées ici où là, et
qui jalonnent
une "carrière" de chroniqueur rock très
dilettante.
Mais l'histoire de la
presse rock française nous a semblé gravement
absente sur le
net.
Et notre petit essai fantaisiste et personnel donnera
peut-être des idées à d'autres pour
approfondir
plus doctement et plus exhaustivement le sujet...
SD
(Pour des détails sur les publications ou pour
lire des
articles, cliquez sur les couvertures cliquables, elles le deviendront
presque toutes au fur et à mesure de l'avancement des
travaux ! Le détail de ces liens est décrit tout
en bas de cette page)
Genèse (et
jeunesse)
Nous avions une
quinzaine d'années quand nous sommes venu au rock vers 1962
(à l'époque ça ne pouvait vraiment pas
être
par la discothèque de Papa-Maman, mais bien au contraire en
totale opposition avec les goûts parentaux !) par le
biais
des groupes français comme les Chaussettes Noires ou les
Pingouins (pas de honte !
leurs enregistrements reflètent
encore le vibrant enthousiasme qu'il y avait dans de ce mouvement du
début des années 60), avant d'aborder plus
sérieusement les originaux de Gene Vincent et Eddie
Cochran...
Et le blues aussi, peut-être bien d'ailleurs par le biais
assez
inattendu du blanc "Milk cow blues" de ce dernier ! (mais pas
seulement bien sûr).
Le magazine "Salut
les Copains"
de Daniel Filipachi et Frank Ténot (dont nous
écoutions
l'émission depuis pas mal de temps en rentrant du
lycée)
démarrait juste (Numéro un en Août 62).
Et avec son
succès rapide, il eut bientôt des
émules comme "Bonjour
les Amis"
(fondé par le lyonnais André Mure, qui dirigeait
alors le
magasin Au Marché Commun, point de rencontre des rockers
entre
Rhône et Saône) ou "Age Tendre et Tête de
bois"
(plus ou moins lié à l'émission de
télévision d'Albert Raisner). Mais tous ces
magazines
"à tendance yéyé" ne nous
satisfaisaient
guère, et notre conscience rock qui se forgeait rapidement
allait nous conduire à découvrir enfin autre
chose !
"Disco
Revue"
existait depuis un an déjà (N°1 en
Septembre 61) quand nous en avons
acheté notre premier numéro avec Gene Vincent en
couverture ! Quel choc et fascination pour l'adolescent que
nous
étions : enfin un magazine qui parlait avec
sérieux
de la musique que nous aimions, qui vibrait des mêmes
émotions esthétiques que le mélomane
que nous
étions en train de devenir... Revue précieuse et
objet
chéri avec son épais papier mat (à ce
moment-là), tout cela nous semblait d'une classe
inouïe !... Et on avait ce sentiment
élitiste
d'être à des années-lumière
au-dessus du
yéyé moyen qui n'allait pas tarder à
se vautrer
dans l'admiration de Sheila ou Billy Bridge !!
Disco Revue avait donc
précédé et inspiré Salut
les Copains, et
aussi Rock & Folk dans une autre optique, comme cela est bien
mis
en perspective dans l'article-hommage rendu à son
créateur Jean-Claude Berthon par Patrick
Eudeline
dans R&F lui-même d'Octobre 2005. Etonnant personnage
que ce
flamboyant Jean-Claude des 60s qui allait disparaître de la
circulation ensuite.
La suite de l'histoire, c'est donc Rock & Folk,
testé à l'été 1966 par un
numéro
zéro en hors-série de Jazz-Hot et avec Dylan en
couverture, puis
lancé au mois de Novembre suivant, cette fois avec Michel
Polnareff en couv' du n°1. C'est Philippe
Koechlin, de Jazz Hot (l'adresse était d'ailleurs au fameux
pavillon du 14 rue Chaptal) qui dirigeait l'équipe
rédactionnelle
C'est donc à
lui que nous allions écrire début 1968 depuis
notre
région lyonnaise pour lui proposer nos services.
Collaboration
acceptée rien qu'à la lecture de notre
lettre ! Et
à partir de Mai 68, la signature Serge D. allait donc
être
présente dans R&F... de manière assez (et
de plus en
plus..) épisodique car souvent les articles
envoyés
depuis la province doublonnaient avec ce qui s'était
écrit à Paris, et d'autres problèmes
liés
à une communication plutôt limitée
entravait la
collaboration !
En fait, je n'avais
même jamais rencontré l'équipe avant de
passer
quelques jours "au grand air" avec Philippe Koechlin et le fameux
photographe moustachu Jean-Pierre Leloir fin Août 1969 :
c'était au fameux festival de l'île de Wight. Et
comme
Koechlin allait bien sûr écrire son propre
compte-rendu de
l'événement dans R&F, eh bien moi
j'allais proposer
le mien... à Best (qui à l'époque
n'avait
même pas songé à envoyer quelqu'un...
Car
c'était vraiment une autre époque, tout
démarrait
juste !).
Concurrent direct de Rock &
Folk, BEST
avait commencé en Septembre 68 et ce nouveau mensuel (il le
devint assez rapidement, après avoir
débuté "un
samedi sur deux") était un peu une suite à Disco
Revue
dont Gérard Bernar le rédac' chef avait
été le maquettiste. Puisqu'on y retrouvait aussi
les
signatures de Catherine Claude ou de Jean-Noël Coghe (de la
dernière période de DR qui était
devenu Les
Rockers). Best apparaissait surtout comme moins intello que R&F
auquel les rubriques de Philippe Paringaux ou Paul Alessandrini
donnaient parfois alors des airs de revue
littéraire ! Ce
qui pouvait à juste titre effrayer certains...
Un troisième
mensuel français consacré à la pop
music
(c'était le terme le plus employé alors) allait
naître à la fin 1970, c'est EXTRA…
Avec ré-apparition (très passagère) de
Jean-Claude
Berthon d'ailleurs, aux côtés de son ancien
collaborateur
Gérard Bernar (en rupture de Best donc). On y trouvait aussi
les
noms de Jacques Barsamian (transfuge de Rock & folk), Jean-Paul
Commin, Jacques Leblanc et Jean-Noël Coghe. Extra
aura du
mal à trouver sa place derrière Best et Rock
& Folk,
mais avec plusieurs "nouvelles formules" (tentant chaque fois
d'être plus commercial, avec ce que cela peut comporter de
compromissions...) il tiendra jusque vers 1976. On allait bien
sûr y participer, et même pas mal. Sans doute au
départ parce que Gérard Bernar se souvenait de
notre
(unique ?) papier de Best. D'abord avec un long
papier sur Traffic (un de nos groupes
préférés !)
qu'on tenait à placer, et qui se retrouva en 2 parties dans
les
N°28 et 29 d'Extra (début 73, le magazine
était
encore acceptable. D'ailleurs le fait de pouvoir y passer cet article
de fond n'en était-il pas la preuve ?...)
Extra
Régions
Plus tard on allait
y amener une rubrique régionale lyonnaise (nommée
Pop-hot
lyonnaise, ou Guignol's Rock, un titre avec petit clin d'œil
littéraire qui allait nous suivre
ensuite..), c'était fin 73. En 1974, elle fut
progressivement rejointe par plein d'autres rubriques des 4 coins de
l'hexagone, le tout coordonné par le rédac'chef
JP
Commin. Il faut dire que le rock (souvent de forme "progressiste"
alors, mais pas seulement) connaissait une certaine effervescence dans
nos provinces dans ces années-là
déjà. Il y avait Ange qui tournait beaucoup, mais
c'était aussi les débuts de Little Bob Story, et
à
Lyon ceux qui allaient fonder les Ganafoul, Killdozer, etc se
préparaient dans l'ombre des Taxi
Mauve et
autres ! Il y avait aussi la naissance du très singulier
Magma
avec tout le réseau alternatif initié par Giorgio
Gomelsky et quelques autres. Mais cette épopée
des
correspondants locaux d'Extra n'allait pas se poursuivre
après
1974, le magazine se mettant à chercher
désespérément ses lecteurs dans des
couches plus
pop. Le dernier numéro s'appelait même "extra
Star"...
Formule hebdo
Mais la formule rock
mensuelle n'était plus la seule depuis plusieurs
années
déjà. Les branchés du rock (ou de la
pop)
connaissaient depuis longtemps les hebdos anglo-saxons qu'on
tenait à tort ou à raison pour des
modèles,
notamment ces institutions qu'étaient le New Musical Express
et
le Melody Maker. Plus d'un avait rêvé de
créer
l'équivalent en France, et certains s'étaient
finalement
lancés : POP
MUSIC fut le premier en Avril 1970. Frank Lipsik en
était le rédacteur en chef, qui avait apparemment
pour
mission d'élargir l'audience bien au-delà de la
pop,
même au sens large que ce terme avait à
l'époque.
Ainsi, dans le N°2, couverture Presley, on parlait
aussi assez
longuement de Guy Béart ou même de Rika
Zaraï, ce qui
n'empêchait pas
d'insérer un poster du MC5 !!
Et bien sûr,
vous avez deviné, nous allions avoir quelques collaborations
avec Pop Music, sans
doute par l'entremise
de notre ami Jean-Louis
Lamaison qui était dans la place avant nous (et qui allait
rentrer ensuite à R&F comme spécialiste
de la soul).
Oh,
juste
quelques papiers par-ci par-là comme d'hab'! Un compte-rendu
de
Led Zep
à
Montreux pour commencer en Novembre 72, puis de Ike & Tina
Turner
(c'était la grande époque de leur super-show sexy
!)
à Lyon un peu plus tard, dans le dernier numéro
en grand
format (journal) d'ailleurs. Un numéro qui titrait sur la
séparation des Stones : il fallait bien tenter de faire
vendre... Pop Music allait ensuite passer en 21x27 (un format de
l'époque)
comme un quelconque mensuel !
Il y eut en 72 une certaine concurrence avec MAXIPOP
(successeur de Pop Music Super hebdo...) qui regroupait vers le milieu
de l'année une équipe autour de Mike Lecuyer (Voir le parcours de celui-ci, par
ailleurs fondateur du mensuel
Pop 2000
dont 17 numéros sont parus sur 72/73). Jacques Leblanc
allait
devenir le rédac'chef de ce Maxipop... (C'est lui qui
fondera
bien plus tard dans les 80s Jukebox Magazine !).
Mais le choc pétrolier de 73, avec en conséquence
inattendue l'augmentation du prix du papier, rendait la situation de
ces hebdos musicaux de plus en plus difficile. Et on allait assister
à toutes sortes de
mic-macs/magouilles/regroupements/exclusions
avant la disparition définitive de tous, Maxipop puis Pop
Music,
dans le courant de 1973 !
Nouvelle vague
Sautons quelques
années, et une nouvelle vague de magazines, mensuels
surtout,
allait déferler (?) à l'épique
époque punk. Et
bien sûr qu'on a fait encore quelques piges pour eux... des
piges qui n'ont
sans doute jamais été payées
d'ailleurs ! Il faut dire
qu'à cette époque on avait découvert
Ganafoul
(excellent blues-rock lyonnais tombé en période
punk) qu'on aimait
beaucoup et on avait d'autant plus envie de les soutenir que la presse
parisienne (Rock & Folk en tête) tendait
plutôt
à les descendre aveuglément, alors nous on
s'efforçait de
placer des papiers sur eux un peu partout !
Ces nouveaux mensuels furent donc : ROCK'N'ROLL MUSIQUE
dès Janvier
77,
puis ROCK EN STOCK à partir d'Avril et qui tint un peu plus
longtemps (jusqu'à fin 78). Et puis FEELING aussi, original
par
son petit format, et dont la rédac' chef était la
regrettée Brenda Jackson (qui fit beaucoup ensuite pour la
musique sur Canal+, avant de disparaître en 2002/ Rien
à
voir avec l'auteur américaine du même nom). Donc
on y
parlait pas mal de Bijou avec lesquels Brenda était alors
plutôt
proche.
Rock à Lyon
Mais dans ces
années-là déjà, nous avions
déjà un peu rangé notre
"carrière" de
chroniqueur rock sur une voie... régionale. D'abord en
collaborant au mensuel Résonance
(dont les réunions de rédaction rassemblaient
alors
autour de Régis Neyret des Guy Darmet, Carole Dufour,
André Mure, Louis Bourgeois, etc, les lyonnais
apprécieront). Avec notre musique rock, on y semblait bien
minoritaire et isolé dans un ghetto, comme nous le faisait
souvent remarquer Darmet.
Puis en écrivant aussi en
parallèle dans l'hebdomadaire Lyon Poche,
dans lequel le dynamique rédacteur en chef (et
co-créateur) Jean-Yves Loude avait
déjà
ouvert la voie au genre par contre. Et comme
les articles de
Résonance étaient déjà
signés de
Serge Dumonteil, ceux dans Lyon Poche le
furent par son alter-ego
Stevie Dixon (on n'était pas le seul à pratiquer
la
double signature entre ces deux titres lyonnais d'ailleurs, puisqu'en
jazz (et autre cuisine) il y avait aussi Jean-François Abert
qui se
transformait en François Werner). D'ailleurs avec Lyon
Poche, on n'a pas
cessé de produire notre petite rubrique rock depuis !
Ce fut en 78 l'époque
d'un "Lyon capitale du
rock" qui déchanta assez vite avec
tous
les problèmes de salles récurrents que connut la
ville
dans les années 70 et 80 surtout (Palais des sports interdit
dès un certain concert de Led Zeppelin de Mars 73, Bourse du
Travail idem en Mars 78 après un concert-émeute
de Patti Smith pour ne citer que les épisodes les plus
fameux).
Diversité
Mais revenons au plan
national et à nos années 2000 pour boucler cet
article qui commence à enfler un peu, trouvez pas ?
Rock & Folk est toujours là
(même
si l'éditeur a changé) : après des
années
80 difficiles et pataugeantes (elles ne furent pas bien brillantes non
plus pour la musique), la reprise en main autour de Philippe Manoeuvre
dans les 90s en a fait une sorte de garant de l'esprit rock en France.
Best a
finalement disparu malgré une tentative de retour en 1999
(formule multimédia avec CD-Rom !). Les premières
moutures françaises de Rolling
Stone n'avaient pas tenu
très longtemps, mais la dernière,
débuté
fin 2002 avec un CD sampler dans chaque numéro, semble avoir
trouvé un certain lectorat
généraliste. D'autres mensuels ont eux
trouvé leur public dans des niches plus
particulières,
comme Rock Sound créé
fin 92 (depuis Clermont-Ferrand) avec une 1ère
couverture Nirvana, et qui reste la revue des jeunes (plutôt)
amateurs de rock fort. Ouch, on allait oublier les Inrockuptibles,
comment est-ce possible ?! Qui depuis le milieu des années
80
font rimer rock et culture. D'abord avec une formule mensuelle
articles/interviews de fond jusqu'en 1995. Puis avec la formule actu
hebdomadaire actuelle depuis 95 donc. A noter aussi qu'ils
sont
les seuls à entretenir un site web réellement
riche en
actualités.
Et puis il y a aujourd'hui toutes les revues
pour les musiciens, par instrument, toutes celles nombreuses aussi du
hard et du
métal, celles qui traitent du rap, du ragga, du reggae, etc.
Et
les magazines sur la world et ceux sur la chanson, etc. Et
même
d'autres
pour les gothiques, voire les spécialistes en faces
D !! On se
demande un peu comment tous ces titres (souvent vendus avec des CD
sampler audios) font pour subsister. Il est vrai
que
certains ne font qu'un petit tour et qu'il en
meure presque autant qu'il en naît. Mais curieusement, ce
genre de
presse ne semble pas trop affecté par la concurrence
(pourtant
réelle dans ce domaine) d'Internet. Et le public
mélomane
très large
aujourd'hui
(la musique est désormais un élément
obligé
de
l'adolescence, et comme celle-ci se poursuit fort tard..) reste
très friand
de la chose imprimée pour donner des bases à sa
passion !
SD (2-2006)
Petite
bibliographie (sélective,
d'ouvrages tous épuisés ?!) :
"Le
rock et la plume", textes rassemblés par Gilles
Verlant (Hors Collection, 2000) www.alapage.com/...
"Gonzo", de Patrick
Eudeline (Denoël 2002), rassemble des textes sur le rock parus
notamment dans Best (73 à 95) et autres revues (il
écrit à présent
régulièrement dans R&F)
PS
: Le livre "Génération
Rock & Folk, 40 ans de culture
rock", une somme dressée par Christophe
Quillien,
paraît en Novembre 2006.
Lien pour commande Amazon.fr : Generation
Rocketfolk
Quelques
sites web de magazines actuels (liste non
exhaustive) :
www.rocknfolk.com/ (Le
sommaire du dernier numéro, l'index des articles parus, etc)
www.banditscompany.com/ (C'est
l'éditeur de la revue Crossroads,
dont Christophe Goffette est le rédac' chef)
www.jukeboxmag.com/
(Jukebox se consacre au glorieux passé du rock, collectors,
rééditions, etc)
www.loisir.net/
(Le groupe de presse Cyber Press Publishing inclut actuellement dans
son pôle musique les titres Rolling Stone, Rock sound,
Groove,
Rap Us, Soul R&B, Trax, Ragga, Hard n' Heavy, Punk Rawk)